S’engager pour l’environnement
A l’heure où notre société s’engage fortement sur le sujet du climat et de la protection de l’environnement, il ne serait pas compréhensible que les Experts-comptables ne prennent pas toute leur part à l’accompagnement des politiques publiques en la matière. Le Conseil supérieur doit être moteur pour embarquer la profession dans la production d’informations non financières.
Pas besoin d’être un écologiste militant pour être capable d’établir un rapport sur le sujet de la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises (RSE). Les Experts-comptables sont les producteurs légitimes d’informations sur les entreprises et il est cohérent qu’ils produisent des informations extra-financières. Ce qui donne de la valeur et du poids à leur prestation et à leur rapport est le corpus de règles déontologiques qu’ils se doivent de respecter, parmi lesquelles l’indépendance est la pièce maitresse. Sur un sujet aussi délicat que celui de l’environnement, où l’absence de normes unanimement reconnues rend la tâche plus complexe, nos règles de comportement professionnel donnent de la crédibilité à notre prestation. Notre déontologie constitue ainsi un fort avantage concurrentiel sur le marché de la prestation de services, et les autres professionnels envient notre statut de profession réglementée sous tutelle.
Certains cas complexes mériteront une expertise qui dépassera la connaissance de l’Expert-comptable, sans que cela soit un frein à l’accomplissement de la mission. Il suffira d’aller chercher le complément de savoir pour mener correctement la tâche en toute sécurité, soit en embauchant le profil adéquat si le besoin est récurrent, soit en faisant intervenir un sous-traitant. A titre d’exemple, n’oublions pas que les cabinets d’expertise comptables sont les premiers producteurs de paye de notre pays, alors que très peu de membres de l’Ordre sont compétents en la matière. Les cabinets ne doivent pas hésiter à se lancer dans des missions nouvelles, en recherchant l’organisation la mieux adaptée à leurs besoins ou à leur structure pour ne pas prendre de risques inutiles.
Refuser de produire l’information non financière de ses clients revient à ouvrir la porte à d’autres professionnels, ce qui est très risqué : à terme ces professionnels pourraient nous remplacer complètement. Voilà pourquoi nous devons être prêts à nous engager sur des missions nouvelles, et en priorité celles qui concerneront la matière environnementale. Après tout, établir un bilan carbone n’est jamais que la tenue d’une comptabilité d’unités autres que monnaitaires. Il faudra organiser le système d’information de l’entreprise pour organiser l’entrée de l’information et s’assurer de sa qualité. Le reste n’est que gestion et reporting.
Les missions environnementales des Experts-comptables sont avant tout du conseil et de l’accompagnement, ce qui entre totalement dans leurs cordes. Il s’agit d’aider l’entreprise à définir une stratégie et des objectifs, puis choisir des indicateurs et prendre la mesure de la performance pour guider sur un chemin vertueux. La jeune génération est friande de ce genre de mission et c’est bien normal. La difficulté pour le cabinet sera de bien définir sa mission et le cadre de son engagement, pour une matière qui n’est pas encore normée et pour laquelle peu de références existent, ou alors sont en contradiction les unes avec les autres.
C’est pourquoi il est indispensable que l’Ordre s’engage pour accompagner les cabinets. Il s’agit de définir le mode opératoire, d’engager une forte action de formation, et de fournir les bons outils pour faciliter la vie des cabinets et les aider à développer leur chiffre d’affaires. Cet engagement global de la profession s’inscrira dans le prolongement de son action au service de l’intérêt général, et sera largement apprécié par les pouvoirs publics mais aussi par les entreprises et le grand public. Ce sera un facteur d’attractivité non négligeable qui fera venir la jeune génération vers nos cabinets